Culture hip hop aux USA : des rues du Bronx à un succès planétaire

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Copyright : marnie joyce

Né au cœur des quartiers populaires de New York dans les années 1970, le hip hop ne se résume pas seulement à un genre musical. Des rues délabrées du Bronx à une popularité planétaire, la culture hip hop aux USA est un mouvement urbain qui se caractérise par un langage de révolte et qui mêle danse, musique et graffiti.

La culture hip hop aux USA : un peu de contexte

Dans les années 1970, New York City n’a pas grand chose à voir avec la ville que l’on connaît et que l’on visite aujourd’hui en toute tranquillité. Celle que l’on surnomme alors « Fear City » est rongée par le crime, la drogue, la prostitution et la corruption. Si Times Square et Central Park sont considérés comme des quartiers chauds, et que le métro est le lieu de prédilection des criminels en tout genre, les quartiers populaires sont de véritables zones de non-droit, laissées à l’abandon le plus complet.

À Harlem et dans le Bronx en particulier, les bâtiments sont délabrés, brûlés, les vitrines des magasins sont cassées et, le long du trottoir, les voitures défoncées sont à moitié désossées. Cantonnée à ces ghettos et exclue du rêve américain, la communauté afro-américaine de New York connaît des conditions de vie catastrophiques.

En parallèle des mouvements politiques visant à établir une réelle égalité pour les Noirs, avec des figures de proue telles que Malcolm X et Martin Luther King Jr. dans les années 60, la musique est un moyen d’expression et de revendication particulièrement populaire dans les ghettos afro-américains. Après la soul music à partir de 1950, et le funk au milieu des années 1960, c’est la culture du hip hop qui voit le jour dans les années 1970.

La naissance du hip hop dans le Bronx

C’est DJ Kool Herc qui, influencé par la musique dub jamaïcaine, commence à isoler des breaks de chansons populaires et lance véritablement le hip hop. Surnommé « The Father of Hip Hop », il naît en Jamaïque mais déménage dans le Bronx dès ses 12 ans. Il est l’un des pionniers de la culture hip hop aux USA et organise les hip hop parties les plus mémorables de l’histoire à partir de 1973.

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Le hip hop, un mouvement urbain, clandestin et protestataire, prend rapidement de l’ampleur grâce aux block parties qui font fureur dans le Bronx. Lors de ces fêtes populaires, illégales mais tolérées par la police qui ferme les yeux, les habitants d’un quartier bloquent les deux côtés de la rue avec des barrières et se rassemblent pour écouter des DJ qui pompent le courant des lampadaires.

Influencé par le funk, le hip hop se place en opposition au disco, dont les influences sont pourtant très nettes au départ – il suffit d’écouter le tube Rapper’s Delight de Sugarhill Gang, sorti en 1979, pour le constater. Ce genre musical qui s’adressait initialement aux communautés afro-américaines et latino-américaines s’est popularisé, tant et si bien qu’il s’est vidé de son sens politique et social, et que l’on considère qu’il a été « récupéré » par les Blancs.

En revanche, les thèmes abordés dans le hip hop sont propres aux difficultés rencontrées par la communauté afro-américaine : la vie de quartier, la discrimination, la prison, le harcèlement policier. Pour cette raison, il devient le mode d’expression privilégié de la jeunesse noire dans les ghettos des villes américaines. Malgré le succès, ses principaux représentants sont, encore aujourd’hui, des afro-américains issus de quartiers difficiles.

Les cinq piliers de la culture hip hop aux USA

La culture hip hop est un mouvement complexe qui englobe non seulement diverses techniques sonores, mais compte aussi des piliers qui sortent de l’univers musical à proprement parler.

  • Le DJing. Il est à l’origine du mouvement et à la base du son qui constitue le hip hop. On parle également de turntablism. Les Disc-Jockey, DJ Kool Herc en tête, se mettent à développer une multitude de techniques de manipulations sonores sur leurs platines. On isole les breaks, on fait du scratching, du beat juggling ou encore du beat mixing.
  • Le rap. Il est introduit un peu plus tard, mais fait désormais partie intégrante de la culture hip hop. Les MCs (Masters of Ceremony) posent leur voix sur les beats, récitent plus qu’ils ne chantent des versets poétiques qui abordent, de façon parfois très virulentes, des thèmes tels que la violence policière, le racisme et la pauvreté.
  • Le beatbox. Le troisième pilier de la culture hip hop consiste à émettre des sons et rythmes imitant des instruments de percussion avec la bouche. Au début du mouvement, c’est un élément de base au même titre que le DJing, bien que le beatbox ait depuis perdu en popularité.
  • Le breakdance. Cette danse est un élément culturel fondateur de la scène hip hop. Le breakdance, ou B-boying de son vrai nom, se caractérise par des mouvements de jambes rapides, des figures au sol et des acrobaties. On le pratique généralement en crew, les différentes « équipes » s’affrontant régulièrement lors de battles face à un public.
  • Le graffiti. Dernier pilier de la culture hip hop aux USA, et pas des moindres puisqu’il est né bien avant, le graffiti tapisse les murs du métro new-yorkais de manière complètement illégale dans les années 1970. C’est de ce mode d’expression sévèrement réprimé qu’émerge le hip hop. Les personnes impliquées dans le milieu du graffiti sont aussi celles qui ont lancé le hip hop ; DJ Kool Herc lui-même traînait avec un crew de graffeurs avant de se faire connaître en tant que DJ.

Enfin, au-delà de ces cinq piliers, la culture hip hop aux USA a ses propres codes qui passent par le langage, les vêtements ou encore l’attitude.

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Copyright : Jeffrey Zeldman

La popularisation du hip hop à partir des années 1980

Si beaucoup ont tout d’abord cru à un phénomène de mode, le hip hop gagne en popularité dans les années 1980. À New York toujours, il se diversifie et se décline sous une multitude de courants. Longtemps underground, la culture hip hop est popularisée par la chaîne musicale MTV, qui la rend mainstream, en passant des clips visionnés par des millions de personnes à travers le monde.

Si certains estiment que suite à cela, le hip hop perd en authenticité, cela permet également à de nombreux artistes, jusqu’alors censurés et boudés des chaînes de radio et de télévision, d’atteindre la célébrité. La folie du hip hop finit même par gagner d’autres pays, faisant son apparition en France dans les années 80, bien qu’il faille attendre les années 90 pour qu’il se fasse véritablement connaître du grand public avec des groupes comme IAM ou encore le rapper MC Solar.

Jusqu’à la fin des années 90, le hip hop explose. Il connaît une période dorée pendant laquelle il est acclamé tant pour sa qualité et son innovation que pour l’importance de son combat. Sur la côte ouest, c’est surtout le gangsta rap, un sous-genre du hip hop, qui se développe. Il se caractérise par ses thématiques qui s’éloignent des sujets qui ont fait connaître le hip hop : l’argent, les armes à feux, les voitures de luxe, les femmes, en des termes souvent crus.

Les années 90 sont d’ailleurs marquées par le climat de tension qui règne entre la côte ouest et la côte est. Plus qu’une simple mascarade orchestrée par les maisons de disque pour faire du chiffre, la rivalité East Coast vs West Coast fait plusieurs morts, dont le rappeur Tupac Shakur, principal représentant de la côte ouest, qui fut assassiné en 1997. L’année suivante, c’est son rival Notorious B.I.G., rappeur de New York, qui tombe sous les balles lors d’une visite à Los Angeles.

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Graffiti de Notorious B.I.G. à New York

Le hip hop des années 2000 à aujourd’hui

Malgré sa mauvaise réputation, le hip hop fait taire les mauvaises langues en restant l’un des genres musicaux les plus populaires au monde. Des artistes mondialement connus et au succès retentissant, tels que Dr Dre, 50 Cent, Eminem, Kanye West sont issus de l’explosion de la culture hip hop aux USA. Si le contexte est différent aujourd’hui, et que le hip hop a incontestablement quitté la sphère underground pour devenir commercial, il reste intimement lié à la culture urbaine qui l’a vu naître.

Le hip hop est toujours un puissant moyen d’expression et de protestation. De nombreux artistes, Kendrick Lamar en tête, s’en servent pour dénoncer la violence systémique envers les Noirs, le harcèlement policier et les inégalités qui perdurent dans la société américaine, des thèmes toujours tristement d’actualité. En octobre 2017, Eminem et son freestyle anti Donald Trump, fraîchement élu, confirment la voix protestataire d’un hip hop qui continue à s’élever contre le gouvernement en place.

Si vous partez en voyage à New York et que vous souhaitez en savoir plus sur l’histoire de la culture hip hop aux USA, le Birthplace of Hip Hop Tour par Hush Hip Hop Tour est une excellente visite guidée. Elle permet de partir sur les traces de lieux emblématiques dans le Bronx et à Harlem, notamment 1520 Sedgwick Ave, qui abritait l’appartement de DJ Kool Herc et qui a vu naître le hip hop. Le plus : la visite est menée par des artistes hip hop, qui connaissent sur le bout des doigts l’histoire de la culture hip hop aux USA.

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