Le retour des loups à Yellowstone… Lorsque cet animal a été réintroduit dans le parc, personne ne se doutait de l’extraordinaire impact qu’il aurait sur la faune et la flore de ce vaste territoire, mais aussi sur sa topographie. Histoire de cette incroyable réaction en chaîne qui montre la capacité qu’à la nature de se soigner elle-même, de la prédation… à la création !
L’équilibre parfait de Mère Nature
On ne le dira jamais assez ; chaque être vivant a sa place, son rôle a jouer dans l’équilibre de notre belle planète. Les grands prédateurs, comme le loup gris dont nous parlerons ici, ont un impact extrêmement positif sur l’équilibre des différents écosystèmes. Ces derniers vont chasser, tuer mais aussi, par la même occasion, donner la vie dans un cycle parfait.
De nombreuses études réalisées ont démontré les effets en cascade apparus suite à la disparition ou, a contrario, à la réintroduction des grands prédateurs dans leur milieu naturel. Celles-ci ont effectivement prouvé une fois de plus combien la nature est interdépendante, combien même le plus insignifiant des gestes pouvait tout changer, le fameux effet papillon… Un des exemples les plus probants est celui de la réintroduction des loups dans le parc Yellowstone.
Le grand retour des loups à Yellowstone
De 1995 à 1997, 41 loups gris provenant du Canada et du nord-ouest du Montana ont réintroduit dans le parc national après un peu plus de 70 ans d’absence puisque ces derniers avaient été éradiqués par l’homme en 1920. Un petit nombre pour d’énormes changements auxquels personne ne s’attendait vraiment.
L’influence des loups sur la faune et la flore du parc
Tout a commencé avec les cerfs (et d’autres cervidés) dont la population, avant l’arrivée des loups, était bien trop importante et nuisible pour l’environnement. N’ayant pas de véritables prédateurs pour leur chasser et limiter leur prolifération, ceux-ci avaient réduit à néant la végétation du parc en se nourrissant.
Dès l’arrivée de la meute de loups à Yellowstone, les premiers effets ont été assez rapides et spectaculaires. Ils ont d’abords tués des cerfs pour se nourrir et ont ainsi changé les habitudes de ces herbivores qui, comprenant la menace, se sont mis à éviter certaines parties du parc où ils étaient plus vulnérables aux attaques, en particulier les gorges et les vallées. Ces endroits enfin épargnés des cerfs voraces ont vu leur végétation repousser de manière significative, sans compter de nombreux arbres dont la taille a largement augmenté en l’espace de quelques années. Ces zones autrefois dénudées sont alors devenues de véritables forêts parsemées notamment de peupliers et de saules.
Cette abondance d’arbres et de végétation a alors attiré des insectes et de nombreux oiseaux, mais aussi d’autres animaux comme le fameux castor qui avait disparu de la région. Celui-ci aimant particulièrement rogner les arbres s’est trouvé bien heureux de trouver à Yellowstone des troncs à se mettre sous la dent ! Ces drôles d’architectes se sont mis à construire des barrages naturels, créant par la même occasion de nouveaux écosystèmes propices à l’installation d’autres animaux comme les loutres, les amphibiens, les reptiles, les poissons, les rats musqués, etc.
En plus d’avoir régulé la population de cerfs, les loups à Yellowstone ont aussi éliminé pas mal de coyotes, permettant ainsi d’accroître les populations de lapins, de souris et autres rongeurs. Ces derniers ont alors attiré d’autres prédateurs dans le parc comme les renards roux, les belettes, les rapaces, et même les ours dont le nombre s’est également mis à augmenter.
L’influence des loups sur les rivières
Le plus extraordinaire, si cela n’est pas déjà suffisant, c’est que la réintroduction des loups à Yellowstone semble également avoir influencé le comportement des rivières. En effet, le fait que la végétation ait repris ses droits et se soit régénérée a permis de réduire le phénomène d’érosion. Renforcées par les arbres, les berges sont devenues plus solides, les cours d’eau se sont trouvés stabilisés, les canaux se sont rétrécis, sont devenus plus profonds et des étendues d’eau se sont formées. C’est ainsi que même la géographie du parc s’est trouvée elle-même modifiée de façon tout à fait positive.
Le simple fait de déplacer, de réguler les groupes de grands herbivores de manière naturelle a ainsi offert aux loups le premier rôle dans cette incroyable transformation du parc national de Yellowstone qui est, rappelons-le, l’une des destinations touristiques les plus prisées au monde.