Le Nevada est un État tout en contrastes. Largement désertique, avec un paysage de Far West parsemé de canyons, de grandes vallées arides, de villes fantômes et de rocaille concassée, il est aussi « l’État couvert de neige » (traduction de l’espagnol Nevada), avec ses pics montagneux qui percent le ciel. C’est enfin l’État de Las Vegas, ville perdue au milieu de ce no man’s land, symbole d’une Amérique « bling-bling » où l’argent facile est à la portée de chacun. Entre le désert et les machines à sous, vous pourrez en plus découvrir une histoire amérindienne riche et passionnante. Embarquement immédiat !
Un peu d’histoire amérindienne
Comme la plupart des États du sud-ouest américain, les premiers habitants du Nevada furent des tribus amérindiennes. Le Nevada possède d’ailleurs de nombreuses traces archéologiques, notamment des pétroglyphes, qui témoignent d’une riche activité.
Grimes Point, près de Fallon, est l’un des plus grands sites de pétroglyphes américains. Vous y découvrirez plus d’une centaine de pierres gravées vieilles de 8 000 à 6 000 ans. En observant bien, vous discernerez des formes reconnaissables : cercles, visages humains, serpents, etc. Les gravures auraient été réalisées par des peuples amérindiens qui habitaient les rives d’un lac aujourd’hui disparu. Un lac, dans ce paysage aride ? Oui, le lac Lahontan, qui s’étendait en lieu et place de cette vaste plaine plate et aride que vous pouvez admirer aujourd’hui. Pour les fans, il y en a toujours, le film Top Gun a été tourné dans les environs.
La Valley of Fire
Située dans le désert Mojave, au sud du Nevada, la Valley of Fire est un vrai désert, avec les températures qui vont avec : elles montent à 45° à l’ombre en été et descendent autour de 0° en hiver. À vous de voir, le mieux reste d’y aller au printemps ou à l’automne.
Vous y trouverez également des pétroglyphes, probablement réalisés par le peuple Fremont, qui auraient été parmi les premiers habitants du site. Les Anasazi (peuple de cultivateurs) se seraient également établis dans le coin. Le tout entre 300 av. J. -C. et 1150.
Ce parc doit ce nom évocateur aux roches de grès qui prennent des couleurs flamboyantes à certaines heures de la journée (de préférence au coucher ou au lever de soleil). Il est aussi composé de formations rocheuses étonnantes, d’arbres pétrifiés vieux de 225 millions d’années et de dunes de sable.
Vous trouverez enfin des pétroglyphes amérindiens à l’Hickison Petroglyphs Recreation Area. Ceux-ci auraient été gravés entre 1000 et 1500 av. J. -C. Pourtant, ce n’est peut-être pas le meilleur endroit pour voir des pétroglyphes. Ils manquent en effet d’authenticité car de nombreux plaisantins contemporains ont trouvé drôle d’ajouter leurs graffitis sur la roche noire.
Au 19e s., l’État était peuplé par des tribus indiennes illustres : les Washoes, les Paiutes, les Bannocks et les Shoshones avaient établi leurs quartiers sur le territoire et ont, comme partout, progressivement disparu avec l’arrivée des colons américains.
Un peu d’histoire des pionniers
Les Espagnols vers 1776, puis les Mexicains à partir de 1821, ont les uns après les autres occupé les lieux. Les États-Unis ont pris possession du territoire en 1848, après leur victoire dans la guerre américano-mexicaine. L’État est rapidement devenu une voie de passage vers la Californie.
La découverte d’or a provoqué une ruée vers l’or dans le Nevada et a entraîné un développement rapide, qui s’est accéléré avec l’arrivée du chemin de fer et de la fameuse ligne Transcontinentale. Mais c’est surtout l’activité minière autour de l’argent, près de Virginia City, qui a dopé la croissance de l’État. Ce n’est pas pour rien qu’il a été surnommé le « Silver State ».
Un développement qui fut totalement anarchique pendant quelques années : spéculation et course à la richesse rythmaient le quotidien de la région. Marc Twain l’a bien décrit dans ses livres. Des lois uniques qui traduisaient bien la mentalité de l’époque ont été érigées : par exemple, dès 1931, des procédures de mariage et divorce rapides ont été autorisées et les jeux d’argent y bénéficiaient d’une totale absence de régulation.
De nombreuses mines abandonnées et villes fantôme témoignent de cette activité aujourd’hui abandonnée : Rhyolite, Goldfield, Daveytown, etc.
L’État désert
Vue d’en haut, le Nevada ressemble un immense désert. Situé majoritairement dans la région du Great Basin (qui couvre 10% des USA), l’État est cependant composé d’une plus grande variété de paysages : zones de montagnes, bassins arides et hauts plateaux à la végétation éparse.
Le Black Rock Desert est un endroit très particulier à l’atmosphère unique. Il est divisé en deux parties : une orientale et une occidentale. C’est la partie occidentale qui nous intéresse plus particulièrement. Elle se présente comme une grande étendue étonnamment sombre et lisse, complètement dépourvue de végétation : la playa, zone qui s’étend sur 1 000 km². On y va en général pour le fameux Burning Man Festival, pour s’essayer à des records de vitesse en voiture, pour parcourir l’Emigrant Trail (le chemin des migrants vers la Californie), ou assister au lancement de fusées.
Mais la principale attraction (et la plus intéressante) reste le Fly Geyser, un ensemble de formations rocheuses exceptionnelles, qui ressemblent à des huttes de roches d’où sortent des geysers naturels. Malheureusement, il se trouve dans un ranch privé et l’entrée est plus qu’onéreuse.
À 20 km de Las Vegas, vous devez aller faire un tour au Red Rock Canyon, une des merveilles de l’État : un splendide canyon aux parois rougeoyantes, surplombé par des petites chaînes de montagnes, et rempli de reptiles en tous genres. Les parois sont vertigineuses, elles peuvent atteindre 910 m de haut. Le canyon abrite un écosystème unique et accueille chaque année environ un million de visiteurs.
Si vous avez le temps, passez voir Cathedral Gorge. Vous y découvrirez aussi des formes rocheuses saisissantes, qui évoquent des cathédrales gothiques. Il y a quelques millions années, un lac recouvrait la vallée que protège ce parc, et c’est le processus d’assèchement qui a créé ces curiosités.
À l’est de Fallon, sur le bord de la route 50, et au bout d’une gravel road asséchée, vous pourrez visiter Sand Mountain, une dune de sable blanc qui apparaît comme un vrai mirage dans ce paysage. Malheureusement, les Américains en ont fait un paradis pour les véhicules tout terrains. À vous de voir si vous aimez les bruits de moteur ou pas.
Échappées en montagne
Pour échapper aux grandes étendues arides, vous avez quelques alternatives.
Le Great Basin National Park est un parc magnifique qu’il faut visiter si vous passez dans le Nevada. C’est une bouffée d’air frais et ça fait toujours du bien de voir un peu de verdure et d’ambiance montagnarde.
À l’intérieur de ce parc, vous trouverez la grotte de Lehman, qui contient des formations calcaires vieilles de 2 à 5 millions d’années, avec stalactites, stalagmites, et tout ce qu’il faut dans une grotte digne de ce nom. Impressionnant !
Pour tremper les pieds et vous rafraîchir, vous trouverez quelques lacs au Nevada, parmi lesquels l’impressionnant Pyramid Lake, réminiscence de l’ancien Lac Lahontan. L’arrivée sur ce lac salé après une traversée du désert offre un panorama absolument spectaculaire : une eau dont la couleur varie entre le bleu et le gris, selon les tonalités du ciel, et des formations de tuf extraordinaires, dont la Stone Mother, en forme de pyramide au milieu du lac.
Lake Tahoe, splendide lac de montagne situé à 1 867 m, est le plus grand lac d’altitude des États-Unis. Cet endroit à l’eau étonnamment limpide (on peut voir à 21 m de profondeur) est situé à la frontière de la Californie et attire de nombreux touristes. On y trouve des stations nautiques ainsi que des station de ski (Alpine Meadows, Mt Rose, Sierra at Tahoe, etc.). De quoi faire en toutes saisons.
Pour le ski et la randonnée, vous pouvez aussi tenter l’expérience de Lamoille Canyon, dans les Ruby Montains, une chaîne de montagnes dominée par le Thomas Peak qui culmine à 3 452 m. Jolis lacs, forêts éparses, bref, un bol d’air reposant. Si vous vous sentez courageux, tentez l’héliski à Ruby Mountains, près d’Elko ou la balade en ski doux dans le Lamoille Canyon.
Virée à Las Vegas
Las Vegas, vous connaissez tous ! Ville des casinos, des mariages rapides et des outrances. Perdue au milieu du désert, la ville apparaît comme une vision avec ses buildings, ses hôtels extravagants et ses multiples lumières. Fondée relativement tard, en 1905, elle gagna le titre de Sin City, parce que les loisirs d’adultes y étaient largement tolérés, et notamment les jeux d’argent alors que les États voisins les interdisaient. D’ailleurs, ici, il est autorisé de fumer dans beaucoup de restaurants et clubs, alors qu’en Californie, à quelques kilomètres, vous risquez la prison !
On aime ou on déteste, mais on ne peut pas rester indifférent à cette cité des excès où la vie ne s’arrête jamais. Vous pourrez y perdre beaucoup d’argent, assister à des spectacles et comédies musicales plein de paillettes, voir Céline Dion, Elton John ou la comédie musicale Mamma Mia. Visiter des hôtels au luxe bling-bling, descendre les Champ-Elysées locaux, le Strip, faire un petit tour des monuments du monde : Venise, Paris, etc. et vous marier en 2 minutes.
Que l’on aime ce genre d’endroit ou pas, c’est un joli spectacle, rien que pour observer la faune, vous croire dans le film Casino et vivre en direct l’American Dream dans ce qu’il a de plus ostentatoire. Pour la totale, essayez 24 h à Springs Reserve !
La petite sœur de Las Vegas, Reno, fut élevée en 1858 et se développa grâce à la découverte d’un gisement d’argent à proximité et l’arrivée du chemin de fer en 1868. Surnommée « la plus grande petite ville du monde » (allez savoir ce que ça signifie), elle est célèbre pour ses casinos. Si vous n’aimez pas les jeux d’argent, évitez Reno, car vous n’y trouverez rien d’autre.
Les autres villes, Carson City (d’ailleurs capitale de l’État) et Virginia City ont été fondées vers 1858 pour accompagner l’exploitation minière. Ce sont de grosses bourgades provinciales, rien d’exceptionnel dans ces villes, mais on peut y trouver du charme, et surtout, partout, vous tomberez sur des machines à sous.
Le Nevada par la route 50
Un des meilleurs moyens pour découvrir le Nevada, c’est de prendre la route 50, surnommée « la route la plus isolée des États-Unis » (The Loneliest Road in America), slogan qui était originellement une critique mais que l’État a repris à son compte. Cette route qui relie Sacramento en Californie à Ocean City, dans le Maryland, donne une excellente vue d’ensemble du Nevada : paysages somptueux et spectaculaires, majoritairement désertiques, avec quelques forêts alpines ici et là, des lacs, des villes fantôme, en bref, un condensé de cet État.
Il traverse les sites symboliques et touristiques dans le désordre, les montagnes Carson Range, Carson City, Fort Churchill State Historic Parc, Silver Springs, Fallon, Grimes Point, Sand Mountain, Hickison Summit Petroglyphs, Eureka, Ely, Charcoal Ovens State Park, Great Basin National Park, entre autres.
Nous vous conseillons d’emporter avec vous Désolation, de Stephen King, et de le lire lorsque vous parcourrez cette route, frissons garantis !
Liens utiles
Office de tourisme (anglais)
Burning Man (anglais)
Red Rock Canyon (anglais)
Great Basin National Park (anglais)
Route 50 (anglais)
[…] sachez qu’un projet de mine de lithium (pour les batteries électriques) existe dans le désert du Nevada pour 2035. On y creusera à 110 m de profondeur et vous êtes bien assis ? … 10 000 000 de […]